Remède contre l'étouffement spirituel

Lire la Bible chaque jour aère l'esprit !

Pris dans la tourmente, j'ai quelque peu délaissé ces dernières semaines la lecture quotidienne de la Bible. Évidemment je ne conseille à personne de faire la même chose, mais l'expérience fut néanmoins intéressante. Voici pourquoi.

Il peut paraître parfois (à tort !) que la lecture quotidienne de la Bible est aride et qu'elle porte peu de fruits. Dans ma lecture quasi métronomique - je lis normalement la Bible chaque matin, un quart d'heure environ, de façon à la terminer en un an - il m'arrive en effet assez régulièrement d'être submergé de pensées qui m'éloignent du texte : la planification de mes tâches du jour, une préoccupation personnelle, la fatigue qui me saisit et fait divaguer mon attention... dans ces conditions, on peut se demander si c'est bien utile.

Pour ma part j'ai toujours pensé que ça l'était. Il nous est dit que la Parole de Dieu ne revient pas à lui sans effet. Et bien oui ! Ce désert traversé ces dernières semaines me l'a démontré : la Parole lue, même un peu (ou très) distraitement selon les jours, ne reste pas sans effet. Durant ces semaines de lecture clairsemée (pour le dire gentiment), j'ai perdu de l'aisance et de l'agilité avec la Bible. Entre autres, j'ai davantage de difficultés à retrouver l'emplacement d'un verset dont j'ai besoin et davantage de confusion au moment de me rappeler d'un verset avec exactitude. Mais surtout, j'ai vu grandir en moi un sentiment de frustration dans ma relation avec le Seigneur qui s'est répercuté jusque dans ma relation avec mes semblables : comment pourrais-je donner aux autres ce que je n'ai pas moi-même ? Comment puis-je nourrir les autres si je ne suis pas d'abord allé chercher la nourriture à la source ? Alors j'ai puisé dans les réserves... mais elles ne sont pas éternelles, je m'en suis vite rendu compte.

Je l'ai dit - et même prêché - à plusieurs reprises : la lecture de la Bible et la prière sont ce que l'on tend à mettre de côté en premier lorsque le quotidien se fait chargé. Je ne le dis pas comme quelqu'un d'extérieur à la scène, qui observerait ce qu'il verrait chez les autres. Je le dis parce que je le constate en moi-même et que je sais que vous êtes faits du même bois que moi. Ces deux disciplines tellement essentielles à notre foi, pourquoi donc les met-on de côté si facilement ?

Peut-être - c'est une hypothèse - parce qu'on compte trop sur la miséricorde divine : après tout, Dieu peut bien comprendre qu'on n'a pas le temps. Ou, peut-être, parce qu'on ne compte pas assez sur la miséricorde humaine : que dira l'église si l'étude biblique n'est pas prête à temps ? Que dira-t-elle si le niveau de ma prédication baisse ? (remplacez ça par vos obligations et vos responsabilités au travail, ça marche aussi). Sans nul doute, il y a là cette fâcheuse préoccupation de plaire aux hommes plutôt qu'à Dieu. Le pasteur a peur de passer pour un paresseux ! L'ami Nicolas Farelly le dit autrement - et bien mieux - dans l'édito de l'excellent dernier numéro des Cahiers de l'école pastorale.

Plus sûrement, on les met de côté parce qu'on ne se méfie que trop peu de l'ennemi qui rode. À la fin c'est bien lui, satan, qui est intéressé à nous éloigner de la source de vie que nous avons en Jésus-Christ.

Alors le vendredi saint, j'ai repris ma lecture quotidienne là où je l'avais laissée ; je ne m'en rappelais pas, mais il se trouve que je l'avais laissée... au récit de la passion ! Le Seigneur aime bien faire des clins d’œil de temps en temps. Une manière de me dire, sans doute, que ce rendez-vous que j'avais pris avec sa Parole ce jour là, il ne l'avait pas manqué non plus. Il était là, et bien là, pour me parler.

Vous n'imaginez pas le bien que ça m'a fait. Reprendre ma lecture, ça a été comme aérer une pièce à l'air vicié. Vous savez comment c'est : quand vous êtes dans une pièce non aérée, il vous faut du temps pour vous rendre compte que vous y respirez mal. Parce que l'air est devenu irrespirable petit à petit, tout doucement - sournoisement, dirais-je. Et puis un jour, presque suffoquant, vous ouvrez la fenêtre et une grande bouffée d'air pur entre dans vos poumons. Et ça fait du bien, évidemment !

Et bien les amis, il est parait-il conseillé d'aérer chaque pièce de la maison 5mn par jour. Si vous le faites, vous aurez peut-être l'impression que ça ne sert à rien parce que vous n'aurez pas cette sensation de grande bouffée d'air qui envahit la maison d'un coup. Mais c'est pour une raison simple : on s'habitue aussi, fort heureusement, à ce que l'air soit pur !

Ouvrir chaque jour la fenêtre de la Parole est infiniment utile : cette petite habitude quotidienne chasse l'air vicié de notre cœur, que l'on s'en rende compte ou non. Et entre nous, à 5mn par pièce, il vous suffit d'avoir une spiritualité de la taille d'un F3 pour lire la Bible en un an. 5mn de lecture avant chaque repas pour nourrir votre âme, c'est la posologie qui m'a été donnée par un pasteur il y a 10 ans. Et vous savez quoi ? Ça fonctionne !