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mardi 17 septembre 2013

À l'école du Christ : observer Jésus

Observer pour apprendre !
Allez hop, finit l'école buissonnière : on retourne à l'école du Christ pour y apprendre à aimer comme Jésus ! Dans un précédent billet j'expliquais la nécessité de connaître Jésus, de comprendre qui il est vraiment. Aujourd'hui, nous allons passer un peu de temps à l'observer.

Rappelez-vous (mais si, faites un effort). Nous étions aux prises avec le texte de Jean 13:1-17 et nous en avions épluché les trois premiers versets. Nous allons maintenant passer aux versets 4 à 11 :
4 [Jésus] se leva de table pendant le dîner, posa son vêtement et prit une serviette de lin qu'il se noua autour de la taille. 5 Ensuite, il versa de l'eau dans une bassine et commença à laver les pieds de ses *disciples, puis à les essuyer avec la serviette qu'il s'était nouée autour de la taille.
6 Quand vint le tour de Simon Pierre, celui-ci protesta : - Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds?
7 Jésus lui répondit : - Ce que je fais, tu ne le comprends pas pour l'instant, tu le comprendras plus tard.
8 Mais Pierre lui répliqua : - Non! Tu ne me laveras pas les pieds! Sûrement pas!
Jésus lui répondit : - Si je ne te lave pas, il n'y a plus rien de commun entre toi et moi.
9 - Dans ce cas, lui dit Simon Pierre, ne me lave pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête.
10 Jésus lui dit : - Celui qui s'est baigné est entièrement pur, il lui suffit de se laver les pieds. Or vous, vous êtes purs - mais pas tous.
11 Jésus, en effet, connaissait celui qui allait le trahir. Voilà pourquoi il avait ajouté : «Vous n'êtes pas tous purs.»

En France, comme tous les prétextes sont bons pour sortir l’apéro, lorsque l'on reçoit un invité notre première inquiétude est de savoir s’il a soif (ben oui, c'est bien connu : aller voir des potes ça donne soif). Bon, ben en Palestine, au premier siècle, y z'avaient pas soif. Par contre, les routes n’étant évidemment pas goudronnées, la chaussure de base étant une sandale et les chemins étant du genre bien poussiéreux, on arrivait chez nos hôtes avec les pieds, comment dire... (je suis sûr que vous voyez comment dire).
Donc, si vous aviez des invités la première règle d’hospitalité consistait à leur proposer un bon petit bain pour leurs arpions ! Vous sortiez la bassine d'eau, et si par hasard vous aviez un serviteur c'est lui qui s'y collait : vas-y que j'te frotte entre les doigts de pieds !

Jésus et ses disciples, donc, arrivent pour célébrer la Pâque. C'est sympa, la Pâque : on y mange certes des herbes amères, mais on fait couler ça avec du pinard, donc ça va. N'empêche que là il manque un truc : il est où l’amphitryon ? Ils sont où les serviteurs ? Zéro, nada, que dalle : y'en n'a pas. "Qu’à cela ne tienne, se disent les disciples : On s’assoit, et tant pis pour les pieds !". Après tout, ils viennent juste de batailler ferme pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand, ce n’est tout de même pas pour s’abaisser maintenant à laver les pieds des autres, n’est-ce pas ?

Les voilà donc assis, prêts à festoyer comme il se doit et comme ils en avaient l'habitude. Or, au cours du repas il y avait une coutume qui consistait à laver les mains du père de famille "parce que cette nuit-là, entre les siens, c’est un roi, un homme libre, déjà libéré de l’esclavage en Egypte." [1] Et bien figurez-vous que c'est là, juste au moment où ses disciples devaient lui laver les paluches, que Jésus a montré toute la grandeur de Dieu... en s'abaissant à leurs pieds. Ce Jésus en qui les disciples ne voyaient pas seulement le roi de la nuit de Pâques, mais aussi le Roi de tous les juifs.

Dieu aux pieds des hommes

Jésus vient d’inventer le concept de Roi serviteur© ! Jésus, ce Dieu incarné à qui les disciples devaient laver les mains, s’est agenouillé pour prendre la place de l’esclave et leur laver les pieds. Voilà la grandeur du geste. Et on voit bien que ce geste nous parle profondément de notre Dieu, mais que nous dit-il exactement ? Nous dit-il que ce Dieu si grand, dans un acte un peu condescendant, a finalement bien daigné prendre sa place parmi les plus petits des hommes ? Ou  nous dit-il plutôt que ce Dieu, justement parce qu’il est grand, a voulu nous montrer ce qu’est la vraie grandeur ? – une grandeur bien différente de celle que nous avons l’habitude de côtoyer dans notre quotidien :
Vous savez ce qui se passe dans les nations, a dit un jour Jésus à ses disciples : les chefs politiques dominent sur leurs peuples et les grands personnages font peser sur eux leur autorité.
26 Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous. Au contraire: si quelqu'un veut être grand parmi vous, qu'il soit votre serviteur,
27 si quelqu'un veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave.
28 Car le Fils de l'homme n'est pas venu pour se faire servir, mais pour servir lui-même et donner sa vie en rançon pour beaucoup. 
(Mt. 20:25-28)
Si quelqu’un veut être grand qu’il se fasse serviteur, et si quelqu’un veut être le premier qu’il se fasse esclave des autres. Jésus établit par l’exemple une règle spirituelle claire : celui qui souhaite monter haut sur l’échelle de Dieu ne doit pas craindre de descendre bas sur l’échelle des hommes. Et Pierre, le plus sanguin des disciples, monte bien sûr aux créneaux ! Comment Jésus, duquel Jean baptiste avait dit qu’il n’était pas digne de délier la courroie des sandales, pouvait-il s’abaisser à ses pieds à lui pour les lui laver ? "Que nenni mon ami, je ne te laisserai pas faire !" dit-il.

Et pourtant... les mains de l’amour, c’est le service ! Quelle leçon de la part de Jésus ! Y avait-il si peu d’amour dans le cœur des disciples pour que leur principale préoccupation, en cette veille de la crucifixion de leur Maître, ait été de savoir qui était le plus grand parmi eux ? Qu’aura pensé Pierre, en voyant Jésus lui laver les pieds ? Qu’aura pensé Jacques ? Et plus encore : qu’aura pensé Judas ?

Et dans notre cœur à nous, qu'y trouve-t-on finalement ? N'y trouve-t-on pas souvent la même chose que dans le cœur des disciples ce soir là ? Pensons-nous, comme eux l'ont pensé, que nous sommes trop importants pour nous abaisser aux pieds de nos frères et sœurs ? Pensons-nous qu’il y a des tâches qui sont indignes de nous ? Rappelons-nous toujours de Jésus, qui n’a pas trouvé indigne de laver les pieds de celui qui allait le trahir. C’est une couleuvre difficile à avaler, mais voilà l’Évangile brut de décoffrage. Voilà toute la difficulté, mais aussi toute la grandeur, de l'amour chrétien.

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[1] Schalom Ben-Chorin, Hermano Jesús, El Nazareno desde una perspectiva judía, Riopiedras : Barcelona, 2003, p. 152

Image : source inconnue.

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