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vendredi 6 février 2015

Je suis Ch... celui qui est.


Blessés, meurtris.

La France entière - la France républicaine - a été touchée au cœur par les attentats qui ont laissé des hommes et des femmes à terre le mois dernier à Paris. Au-delà des personnes c'est bien sûr la liberté d'expression, l'autorité de l'État et la communauté juive qui ont été piétinés, attaqués de façon réfléchie et planifiée. Mais ce sont d'abord des personnes. Des familles. Des gens qui avaient une vie, des idées à défendre, une foi à vivre, un métier, des amis. C'est d'abord vers eux que s'adressent nos prières aujourd'hui.

D'un seul cœur, des millions de personnes sont descendues dans la rue au cri de "Je suis Charlie !" le dimanche 11 janvier. On a parlé d'unité nationale et de la nécessité de se serrer les coudes. Charlie Hebdo, journal sur le déclin, est tout à coup devenu le plus gros tirage de la presse française, toutes époques confondues. Même Arnold Schwarzenegger s'est abonné ! 


Lune de miel de courte durée.

Les dissensions n'ont en effet pas tardé à poindre : être ou ne pas être Charlie ? Que penser de la nouvelle "une" du journal satirique ? Ceux qui marchaient coude à coude le dimanche jouaient des poings et des pieds le mercredi suivant pour obtenir le précieux dernier numéro de Charlie. Les kiosquiers se sont retrouvés hagards et débordés.

On le sent bien - et les journalistes de Charlie Hebdo non seulement le sentent, mais l'expriment - le soufflet retombera. Dans quelques temps ne seront plus "Charlie" que les quelques 30.000 abonnés de la première heure. Les affres de l'inconstance humaine, qui se laisse submerger par l'émotion et qui s'enthousiasme aussi vite qu'elle ne déchante. Les victimes des attentats de Paris le savent : ils seront bientôt aussi seuls que ce qu'ils ont été soutenus, et il leur faudra gérer leur peine. Ceux de Charlie s'y préparent, et ils ont bien raison.


"Je suis celui qui est"

Voilà pourquoi il est si réconfortant d'avoir un Dieu qui dit à ses créatures : "Je suis celui qui est" (Ex. 3.14). Notre Dieu n'arrêtera jamais d'être ce qu'il est. Il n'arrêtera jamais d'être ce Dieu si proche, ce Dieu qui s'est incarné, qui s'est fait l'un des nôtres en Jésus-Christ. C'est, en quelque sorte, sa façon à lui de dire "Je suis Charlie", c'est à dire : "Je partage vos misères, je m'associe à vos souffrances et à vos joies, indépendamment de qui vous êtes et de ce que vous avez fait". Mais contrairement à nous, qui nous laissons souvent porter par nos émotions, lui est "celui qui est". Il est l'Éternel, celui dont la volonté ne change pas. Il est le fidèle. Et donc, il est le roc sur la parole duquel nous pouvons construire notre vie sans crainte d'être déçu.

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Article originellement écrit pour l'édito de février du site web et du bulletin de l'église baptiste de Tours. Une bonne occasion de visiter notre site : eebtours.org.

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