Pages

jeudi 20 juin 2013

Il y a eu une vie avant Luther

Zut alors. Qui dit "Réforme" dit Martin Luther, oui ou non ? Voilà-t-y pas que j'ai déjà écrit deux billets sur l'histoire de la Réforme (ici et ) sans même avoir parlé du célèbre réformateur. Et vous savez quoi ? Je récidive de ce pas sans vergogne ni scrupules.

C'est qu'il y en a eu du beau monde, dans l'histoire de la Réforme, avant qu'apparaisse Luther. Dans le billet "Réforme : la raison de la colère", j'ai tracé à gros traits un tableau de l'église médiévale pas vraiment flatteur. Mais même au plus fort de la corruption de l'église, il s'est toujours trouvé des personnes et des mouvements qui allaient dans le sens d'un retour aux Écritures. Il y a eu des gens pour souhaiter une réforme de l'église et pour faire, avec plus ou moins de succès, ce qu'il fallait pour l'obtenir. Ce sont quelques-unes de ces personnes et les mouvements qu'ils ont inicié que l'on va découvrir brièvement dans ce billet et dans le suivant (histoire de ne pas vous en écrire des tartines d'un coup).


Pierre Valdès et les Vaudois (1140-1217)

Valdès, tout en Pierre
Nous sommes 300 ans avant Luther. Pierre Valdès, riche commerçant Lyonnais, vient de perdre un ami d'une mort soudaine et inattendue (ça arrive souvent quand elle est soudaine). Bref, le v'là tout tristounet. Mais surtout il est inquiet, Pierrot : qu'en est-il de la vie après la mort ? Qu'en est-il du Salut ? Et pire encore : qu'en est-il de son Salut ? La question l'angoisse tellement qu'il finit par aller consulter un médecin un voyant un raëlien un  prêtre (ce qui prouve qu'il avait de bons réflexes, tout de même). Le sachant riche, l'homme d'église le renvoi aux paroles de Jésus de l'évangile de Matthieu, chapitre 19, verset 21 : "va vendre tes biens, distribue le produit de la vente aux pauvres, et tu auras un capital dans le ciel. Puis viens et suis-moi."

Pierre Valdès a un caractère bien trempé : il n'hésite pas (on est donc content qu'il ne soit pas allé voir un raëlien). De riche il se fait pauvre, se met à étudier la Bible et à prêcher dans les rues de Lyon. Il prêche, donc, et ô joie, il le fait dans la langue du pays. Le latin c'est sympa, mais écouter les Ecritures dans sa propre langue, quand même, ça le fait bien.



Du coup, autour de lui se rassemble rapidement une petite troupe qui décide de le suivre dans son application radicale de l'évangile : les "Pauvres de Lyon" viennent de naître. Pour eux, tous les chrétiens, qu'ils soient hommes ou femmes, peuvent prêcher à condition d'avoir une connaissance suffisante des Écritures.

Ils font bien les yeux doux à Rome, mais leur demande d'être reconnus par l'Église Catholique essuie par deux fois un refus. Pour que les choses soient plus claires, en 1184 ils sont excomuniés et chassés de Lyon. Qu'à cela ne tienne : dans leur fuite ils continuent de prêcher et le mouvement s'étend dans toute l'Europe (principalement en Autriche et en Italie).

Ceux que l'on appelle aujourd'hui les Vaudois seraient les héritiers de ces gens là... à moins que l'histoire, bien sûr, soit toute autre ! (ben oui, ce serait trop facile sinon) 


Saint-François d'Assise et l'ordre des Frères Mineurs (1182-1226)

François d'Assise, debout
Il était une fois un fils de riches commerçants qui décida, comme ça sur un coup de tête, de se faire pauvre...
Pierre Valdès, encore ? Non, François d'Assise. Son truc à lui, c'était plutôt la solitude, l'austérité et l'ascétisme du monastère... c'est donc ce qu'il fit, jusqu'à ce jour où il fut frappé par une portion de l'Évangile :
"Partout où vous passerez, annoncez que le règne des cieux est tout proche.Guérissez les malades, ressuscitez les morts, rendez purs les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne mettez dans vos bourses ni or, ni argent, ni pièce de cuivre. N'emportez pour le voyage ni sac, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton, car l'ouvrier mérite sa nourriture." Matthieu 10:7-10
François commença à trouver un peu étroits les murs de son monastère. Jusqu'ici la principale préoccupation des moines était de s'occuper de leur propre Salut et, concentré sur leur tâche, ils évitaient toute distraction et tout contact avec l'extérieur. François d'Assise vit les choses autrement : lui et les siens iraient chercher les brebis perdues. Ils iraient dans les villes, au milieu de la population, au contact des malades, des pauvres et des exclus, et se feraient pauvres eux-mêmes. L'était sympa, François. Il avait une petite tendance à prêcher aux oiseaux, mais il était sympa.

Les franciscains constituent aujourd'hui l'un des plus grands mouvements de l'Église Catholique. Avec François d'Assise on peut parler d'une réforme de l'église sans rupture. Une réforme tellement réussie, somme toute, que le Pape actuel s'appelle... ben oui, François !

Ce sera tout pour aujourd'hui. Dans un prochain épisode, vous apprendrez comment Charles Ingalls a réussi l'exploit de naître à Cuba ET dans l'État de New York (jetez un oeil ici, vous ferez moins les malins).

Ou alors je vous parlerez de John Wyclif et de Jan Hus, je sais pas.


Un grand merci à David Perez, compagnon de séminaire et actuel pasteur stagiaire (eh oui, c'est officiel) de l'église baptiste de Niort, pour m'avoir autorisé à piller allègrement l'étude préparée par ses soins sur l'histoire de la Réforme.

___________________________

Source photos:
Pierre Valdès: ici.
François d'Assise: .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire