Pages

mardi 5 mars 2013

Si Dieu est bon, pourquoi le mal existe-t-il ?

L’équation du problème du mal est la suivante : si Dieu est bon et tout-puissant, alors comment le mal peut-il exister ? La logique sous-jacente à la question est celle-ci : si Dieu peut quitter le mal mais ne veut pas le faire, alors il n’est pas bon ; et s’il veut le faire mais ne peut pas, alors il n’est pas tout-puissant.

Dans un premier temps, il faut observer que cette affirmation prend pour base le fait qu’un Dieu bon et tout-puissant doit quitter le mal. Cependant, comme le fait remarquer le théologien Henri Blocher, il n’y a pas de contradiction formelle entre les termes : il n’est pas strictement impossible que Dieu soit bon et tout-puissant et qu’il décide, malgré tout, de ne pas quitter le mal.

Ceci étant dit, il existe bien évidemment une tension difficile à apaiser.

C.S. Lewis
C.S. Lewis, le fameux auteur des « Chroniques de Narnia », tente de le faire par l’argument du libre-arbitre  : « L’une des bonnes choses créées par Dieu, le libre-arbitre des créatures rationnelles, incluait par sa propre nature la possibilité du mal, et les créatures se sont faites mauvaises en profitant d’elle ».[1]

L’idée est intéressante, mais elle ne résout rien. Si elle répond à la question de savoir comment le mal est entré dans le monde elle n’explique pas son origine première, tant et si bien qu’à mon sens la question de l’origine du mal est l’unique vraie problématique… et la réponse qu’on peut lui apporter n’est évidemment pas simple, à commencer parce qu’une telle réponse ne se trouve pas dans la Bible ! La seule voie pour s’en approcher est donc la voie de la philosophie, voie périlleuse s’il en est puisqu’ouvrant la porte à la spéculation.

Une option parmi d’autres pour répondre à la question consiste à faire du mal quelque chose d’indépendant de la Création. Je crois que Saint-Augustin s’en approche d’un peu trop près, bien qu’avec prudence, quand il affirme que « le mal est la privation de bien jusqu’à arriver au vide même ».[2] Le problème reste cependant entier : d’où vient le vide ? Si le vide fait partie de la Création, alors nous devons admettre que l’origine du mal se trouve en Dieu. Mais s’il n’en fait pas partie, alors nous avons affaire à un deuxième Dieu : c’est le dualisme manichéen, la philosophie précisément embrassée par Saint-Augustin avant qu’il ne la repousse avec véhémence suite à sa conversion.

Le mal, c'est être séparé de Dieu

G.W. Leibniz
Il nous faudra sans doute admettre – et c’est plutôt incommode – que le mal entre dans le cadre de la Création. Cependant il faut aussitôt affirmer avec force que « Dieu est lumière et il n'y a aucune trace de ténèbres en lui » (1ª Jean 1:5). Alors, la seule réponse philosophique que je parviens à imaginer est la suivante : avant la Création il n’y avait rien d’autre que Dieu, mais à l’instant même où Dieu commença à créer se mit à exister quelque chose séparé de Lui, c'est-à-dire séparé du Bien Absolu. N’est-ce pas là, finalement, la définition biblique du mal ? Ce fut peut-être cette logique là qui amena le philosophe Gottfried W. Leibniz à affirmer en 1710, dans sa théodicée, que « ce monde est le meilleur des mondes possibles ».

Oui, mais… « le meilleur des mondes possibles » ? L’idée fit sursauter Voltaire à un point tel qu’il en fit le thème principal de Candide. Il faut dire qu’entre l’affirmation de Leibniz et l’œuvre de Voltaire un terrible tremblement de terre avait ravagé Lisbonne, en 1755. Depuis, nous avons traversé deux guerres mondiales et connu Auschwitz : il semble bien, en toute franchise, que les explications de Saint-Augustin et de Leibniz restent aussi courtes l’une que l’autre pour expliquer le mal que nous connaissons.

A Auschwitz en particulier, nous voyons un mal puissant, organisé, froid et calculateur, déterminé. Il nous serait doux de penser avec Saint-Augustin que le mal est simplement l’absence du bien, mais les faits nous obligent à une conclusion distincte. Il y eut dans l’Histoire des êtres pour imaginer la solution finale, pour inventer des façons de tuer plus massivement et avec un meilleur rendement femmes, enfants et handicapés (pour ne parler que des plus fragiles), et le tout sans aucun remord ni sentiment de culpabilité. Qu’est-ce donc si ce n’est un aveuglement mené à son paroxysme, ou pire encore : un changement radical de vision, le mal considéré comme bon et le bien considéré comme mauvais ?

Un intrus dans la Création : le mal n'a sa place nulle part

Lorsque nous nous affrontons au problème du mal, nous sommes en prise avec trois vérités bibliques avec lesquelles nous ne pouvons pas négocier : 1) Dieu est bon, 2) Dieu est souverain, 3) le mal existe et Dieu ne le supporte pas.
Nous retrouvons là les trois composantes du problème du mal que nous avons évoquées au début. Tergiverser avec l’une ou l’autre de ces vérités est une façon courante, mais erronée, de régler le problème : la Bible nous laisse en tension sans rien quitter de la force de ces trois affirmations.

Henri Blocher – j’en reviens à lui – a développé une façon singulière (et assez fascinante, je dois dire) de traiter le problème. Dans son livre « Le mal et la croix », alors qu’il est aux prises avec le problème du mal, Il en vient finalement à la conclusion que le mal est un parfait intrus dans la Création : il n’y a sa place nulle part. Il n’y a aucun moyen de l’inclure de façon harmonieuse, pas même dans notre théologie. Le problème reste entier et il est impossible à résoudre.

Cependant – et c’est là que c’est beau – dans cette impossibilité là se trouve selon lui l’une des preuves de l’inspiration divine des Écritures : tous les systèmes philosophiques, toutes les religions et toutes les sectes cherchent à résoudre le problème du mal. La Bible ne le fait pas. Dans la Bible le mal est et reste un intrus, un élément inexplicable, intolérable. Or, résoudre le problème du mal c’est accepter que le mal ait une place légitime dans notre existence. D’une certaine façon, c’est le rendre moins scandaleux qu’il n’est en réalité. Mais ce n’est pas comme cela qu’il apparaît dans la Bible. Dans la Bible, le mal est un scandale aux yeux de Dieu, un scandale tellement grand qu’il n’a sa place nulle part, pas même dans l’Écriture. Et ça, c’est précisément le lieu qui lui correspond bibliquement.

Dieu ne s'est pas soustrait au mal et à la souffrance

Evidemment, ce n’est pas une réponse confortable. Le réconfort face au mal ne se trouve nulle part si ce n’est à la croix. Sur la croix nous trouvons notre Dieu, un Dieu qui ne s’est pas soustrait à l’expérience humaine du mal et de la souffrance mais qui l’a partagée pleinement, l’a portée et, finalement, l’a transcendée. Et précisément parce que nous n’enlevons rien à la force des trois affirmations bibliques, précisément parce que nous savons que Dieu est bon, tout-puissant et déteste le mal, nous savons aussi que les jours de ce mal là sont comptés. Il est vaincu. Les temps messianiques viendront. Jésus reviendra, et avec lui une nouvelle terre et de nouveaux cieux sous lesquels il fera bon vivre. Ce jour là, nous dit Esaïe,
On ne commettra plus ni mal ni destruction
sur toute l'étendue de ma montagne sainte.
Car la terre sera remplie de la connaissance de l'Eternel
comme les eaux recouvrent le fond des mers.
Il adviendra en ce jour-là que le descendant d'Isaï
se dressera comme un étendard pour les peuples,
et toutes les nations se tourneront vers lui.
Et le lieu où il se tiendra resplendira de gloire.
(Esaïe 11:9-10)
___________________________
Pour aller plus loin dans la réflexion (et comme vous l'aurez sans doute compris à la lecture de ce billet) je vous recommande chaudement la lecture du livre d'Henri Blocher, "Le mal et la Croix".
Vous pouvez aussi écouter l'excellente prédication d'Olivier Randl, "du bon usage du blasphème" (player à la fin du billet).
Autres lectures recommandées :
- Confessions, de Saint-Augustin.
- Le mal, de Paul Ricoeur.
- Le mal, textes choisis et présentés par Claire Grignon (Flamarion, 2000).
- Le problème de la souffrance, de C.S. Lewis.

Sources des illustrations (cliquer sur les liens):
- C.S. Lewis
- Leibniz
- Le Mal et la Croix
- Jésus crucifié

Notes:
[1] C.S. Lewis, Le problème de la souffrance (1940)
[2] Saint-Augustin, Confessions

14 commentaires:

  1. Ce qui est curieux, c'est que la réflexion se semble être arrêtée depuis M. Blocher, dont le livre n'est pas tout récent. A-t-il eu le dernier mot ? C'est vrai que des penseurs poids-lourd comme lui écrasent un peu le terrain sur lequel ils passent, et il n'y pousse plus rien pendant longtemps. Tout le monde passe le mantra du "mystère opaque" en boucle, et on en reste là. Ceci dit, le terrain est miné ; je comprends bien que les gens restent au chaud chez eux.

    RépondreSupprimer
  2. Il faut bien avouer que c'est pas évident de trouver quelque chose à ajouter à l'apportation d'Henri Blocher... le seul commentaire que j'ai pu entendre qui m'ait ouvert des perspectives (un peu) nouvelles sur ce sujet, c'est celui de l'un de mes professeurs. Selon lui, les ténèbres de la création ne sont pas mauvaises pour Dieu, puisque Dieu est lumière. Elles ne deviennent mauvaises que parce que l'homme a décidé de les embrasser quand Dieu, lui, les avait rejetées en créant la lumière.

    RépondreSupprimer
  3. Je trouve que la Genèse est assez claire et que le "mal" ou le "péché" a commencé au moment de la rébellion d'Adam et Eve, non? Adam et Eve, créatures parfaites, sans péché, sans inclination au mal, se sont rebellés pour suivre leurs propres critères du bien et du mal (premiers chapitres de la bible). non?

    RépondreSupprimer
  4. La Genèse est effectivement claire sur le fait que le péché a commencé avec la chute, mais le mal était là avant : dans le jardin d'Eden se trouve déjà le serpent. Ceci dit, le mal est un sujet sur lequel on atteint rapidement les limites et je crois que c'est à dessein de la part du Seigneur. On peut en parler pendant des heures et tourner le problème dans tous les sens : Job l'a fait avant nous et la seule réponse qu'il a obtenu de la part du Seigneur fut une invitation, assez ferme d'ailleurs, à la confiance. Dieu est le Créateur du ciel et de la terre, et nous savons de lui que c'est un Dieu d'amour. Il nous est difficile (impossible, en fait) de répondre à la question de l'origine du mal mais finalement ce qui importe ça n'est pas son origine, c'est sa fin. Et là, la Bible est lumineuse : le mal a été vaincu à la croix !

    RépondreSupprimer
  5. Je ne vois pas comment un Créateur Omniscient pourrait être dédouané du contenu de sa Création.

    Dieu, Créateur omniscient, connaît le moindre des actes de ses créatures avant même de les avoir créées. Ainsi avant même la création du monde, Dieu connaît déjà les exactions des assassins et des violeurs. Et il les crée en toute connaissance de cause. Personne ne force Dieu à créer des criminels ou des assassins. Il faut en conclure que leurs crimes font partie du plan divin, puisque Dieu les voit, les connaît avant même que l’humanité n’existe, et qu’il choisit de créer le monde où ils sévissent.

    La barbarie et les souffrances qui grèvent le monde ont donc été voulues, organisées et planifiées par Dieu avant même la création de l’humanité, ou sinon c’est qu’il n’est pas omniscient.

    Le monde ne peut que se dérouler conformément au plan connu de Dieu, et donc établi par Dieu, avant même que nous n’existions. Je n’invente rien en disant cela : je ne fais que décrire ce que signifie “créateur omniscient”.

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour,
    Je crois que Dieu peut être omniscient, et donc avoir su que sa créature allait pécher, sans qu'on ait besoin d'affirmer qu'il a "voulu, organisé et planifié" la barbarie et les souffrances.
    On peut aussi remettre en cause sa toute-puissance, sa bonté, ou même le fait que le mal soit vraiment mauvais. Mais la Bible n'autorise aucun de ces chemins là, voilà pourquoi Henri Blocher décrit le problème du mal comme étant "une écharde dans la raison" : précisément, vous l'avez dit, on ne parvient pas par la raison à concilier le tout. Je crois que c'est également Blocher qui dit que c'est le seul mystère opaque de la Bible, les autres étant des mystères lumineux.
    Je préfère m'en tenir à cela. En fait, cela ne me dérange pas de ne pas tout saisir, surtout sur des sujets aussi profonds. Si j'arrivais à comprendre tout de mon Dieu, je le soupçonnerais vite d'être aussi petit que moi...

    RépondreSupprimer
  7. Il me semble que passé, présent et avenir sont visibles tous ensemble aux yeux de Dieu, créateur hors du temps. Il les embrasse d'un seul regard dans leurs moindres détails, et les crée d'un seul geste lorsqu'il crée le monde.

    Lorsqu'il crée une créature il crée tous ses actes avec elle, puisque cette créature n'a pas encore pu les poser alors qu'ils apparaissent déjà aux yeux de Dieu. C'est bien Dieu qui choisit de créer cette créature et non une autre, et qui choisit qu'elle posera ces actes et non d'autres. Il me semble donc que Dieu "décide, organise et planifie" l'ensemble des actes de ses créatures, faute de quoi il ne serait pas "créateur" ou alors pas "omniscient".

    Il en découle que le libre-arbitre humain n'existe pas, et que c'est bien Dieu qui crée le mal. Comme vous le soulignez, on ne parvient pas par la raison à concilier le tout. Autrement dit me semble-t-il, foi et raison ne sont pas compatibles.

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour Yogi,
    Je crois que la Bible offre deux enseignements qu'elle laisse parfaitement en tension : Dieu est souverain, et l'homme est entièrement libre de ses choix. Dieu est souverain et rien n'échappe à son contrôle. En Esaïe 45:7 Dieu dit : "J'ai formé la lumière et créé les ténèbres, je donne le bonheur et je crée le malheur. Oui, c'est moi, l'Eternel, qui fais toutes ces choses."
    Et pourtant la souveraineté de Dieu n'enlève rien à notre libre arbitre. Nous sommes totalement responsables de nos actes. Spontanément je pense à Deutéronome 30:19-20, mais les passages où l'on peut voir que l'homme est libre de ses choix ne manquent pas.
    Deut. 30:19-20 : "Je prends aujourd'hui le ciel et la terre à témoins: je vous offre le choix entre la vie et la mort, entre la bénédiction et la malédiction. Choisissez donc la vie, afin que vous viviez, vous et vos descendants. 20 Choisissez d'aimer l'Eternel votre Dieu, de lui obéir et de lui rester attachés".

    La difficulté est de savoir comment ces deux enseignements s'articulent. Mais Dieu est plus grand que sa création (et que ma raison, accessoirement), et je crois que lui n'éprouve aucune difficulté à les articuler. Quant à l'incompatibilité de la foi et de la raison, je dirais plutôt que la raison connaît des limites qui peuvent être transcendées par la foi. En occident on a un peu de mal avec ce discours : on donne beaucoup de valeur à notre faculté de raisonnement. J'ai cru comprendre qu'en orient les choses sont différentes.

    RépondreSupprimer
  9. Bonjour Laurent,

    Il me semble que "la raison" ne désigne ici rien d'autre que "la logique", et la question est de savoir si Dieu la respecte ou non. D'après Thomas d'Aquin, il la respecte : un "cercle carré" est une impossibilité intrinsèque et Dieu ne peut en créer un. Dans ce cas, omniscience divine et libre-arbitre humain sont intrinsèquement incompatibles et il faut en abandonner (au moins) un.

    Pour d'autres, Dieu est détaché de la logique, et il peut faire qu'une chose soit vraie en même temps que son contraire. Mais vrai et faux sont alors interchangeables, les mots et les concepts perdent leur sens, et la "vérité" n'existe plus. Il me semble que c'est bien là que nous entraînerait une foi qui transcenderait les limites de la logique.

    RépondreSupprimer
  10. Tout ceci est bien intéressant :)
    Je suis d'accord avec vous et avec Thomas d'Aquin, mais je ne crois pas que la question du libre-arbitre et de l'omniscience divine soit de même nature que celle du "cercle carré". Dieu est plus grand que mon libre-arbitre : je peux imaginer sans trop de difficulté, bien que sans savoir exactement comment cela fonctionne, que ma liberté de choix n'échappe en rien à la souveraineté de Dieu. Je ne crois pas que cela soit illogique ; c'est juste une logique qui nous dépasse, comme nous dépasse la logique d'un Dieu Trinitaire par exemple.

    RépondreSupprimer
  11. La logique d'un Dieu Trinitaire me semble moins poser problème dans la mesure où bien des êtres ou des choses présentent plusieurs visages différents tout en étant uniques.

    En revanche la coexistence simultanée de "mon avenir est fixé" et de "mon avenir n'est pas fixé" me paraît une contradiction d'une autre trempe. Une logique qui se contredit, plutôt qu'une logique qui complète ou qui dépasse. Pour ma part j'y vois un problème dirimant.

    RépondreSupprimer
  12. Sauf que la Trinité ne présente pas trois visages différents de Dieu, chacune des personnes étant pleinement Dieu et pas seulement "un aspect de Dieu". Mais si on entre dans ce débat là on n'a pas finit :)
    Ne peut-on pas imaginer que Dieu peut avoir tout vu et tout su d'avance, et donc d'une certaine manière avoir consenti à tout, sans que cela remette en cause notre liberté individuelle ? Je peux savoir que mon fils va se brûler en mettant sa main au feu et décider, pour une raison qui m'est propre, de le laisser faire. En ce sens là je suis "maître et souverain" et je n'ai pourtant rien quitté de sa liberté de choix.

    En tout cas, quelle que soit la manière dont les choses s'articulent, je ne me vois pas d'autre choix que de faire cohabiter le libre-arbitre des hommes avec la souveraineté de Dieu et avec son omniscience, parce qu'ils apparaissent tous trois dans la Bible. Je préfère avoir des problèmes avec ma capacité pour comprendre les choses que de devoir jeter des pans entiers de la Révélation.

    Qui plus est, j'aime cette tension parce qu'elle me permet d'avoir une grande confiance en mon Dieu (il sait tout, il voit tout, rien de ce qui m'arrive ne lui échappe) et en même temps elle m'oblige à une vie responsable (je suis entièrement libre de mes actes).

    RépondreSupprimer
  13. Dieu est créateur omniscient, il n'est donc pas dans la même position que vous vis-à-vis de votre fils.

    Ainsi au cinquième jour Dieu omniscient a pensé "Demain je vais créer le fils de Laurent de telle sorte qu'il posera sa main au feu et se brûlera". C'est bien le choix de Dieu et non de votre fils, puisque celui-ci n'existe pas encore. C'est bien le choix de Dieu que votre fils se brûle, puisque Dieu a la possibilité de créer un monde différent mais ne le fait pas. Un créateur omniscient crée (par définition) les actes de ses créatures, il les prive donc de tout libre-arbitre.

    Après, libre à vous ;-) de choisir de vivre au sein de cette incohérence, et je comprends bien que rejeter des pans entiers de la Révélation vous amènerait à des remises en causes trop profondes. Mais n'espérez pas en convaincre des gens qui attachent de la valeur à la raison.

    RépondreSupprimer
  14. Lorsque j'ai décidé d'avoir un enfant, je savais que j'allais mettre au monde un être qui, tôt ou tard, ferait de mauvais choix qui l'amèneraient à souffrir (et moi avec lui, soit-dit en passant). Est-ce que cela me rend coupable de ses mauvais choix et de ses souffrances ?
    Par ailleurs, je ne suis pas d'accord avec le "de tel sorte que". Vous ne trouverez nulle part dans la Bible que Dieu nous a créé pour que nous souffrions. Ce que vous trouverez, c'est qu'Il nous a créé pour que nous vivions en harmonie et en communion avec Lui.
    Vous dites que Dieu avait la possibilité de créer un monde différent. Peut-être, mais qui peut l'affirmer ? Leipniz pensait justement le contraire et il se trouve même des philosophes chrétiens pour penser que la création ne pouvait être autrement que potentiellement corruptible, sans quoi Dieu aurait créé un autre Dieu : ne serait-on pas là, précisément, sur cette fameuse logique que même Dieu est tenu de respecter ?

    Par ailleurs, je trouve amusante votre évaluation de ma capacité à me remettre en cause. Après avoir vu certaines de mes convictions les plus profondes être retournées comme des crêpes par Jésus-Christ en quelques mois - il y a encore 10 ans de cela je n'étais pas croyant - je trouve qu'elle ne manque pas de piquant. Ceci dit, dans le fond vous avez raison : si Dieu n'était pas venu à ma rencontre, je ne me serais probablement jamais remis en question de moi-même.

    Parfois, c'est vrai, je n'ai d'autre argument pour parler de ma foi que celle de l'aveugle guérit par Jésus en Jean 9:25. Mais cela ne me dérange pas trop, parce qu'à titre personnel il me suffit largement. Avec lui je peux dire que "j'étais aveugle et maintenant, je vois."

    Mais restons sur la raison pure : je trouve en fait très raisonnable de penser que la raison a ses limites, particulièrement lorsqu'on parle de Dieu qui lui n'en a pas. Kant aussi le pensait, d'ailleurs. Et je comprends bien, moi aussi, que de l'admettre vous amènerait à des remises en cause trop profondes ;)

    En tout cas ne vous inquiétez pas trop : je n'ai l'intention de convaincre personne. Si par la grâce de Dieu ce blog ouvre un bout de ciel à quelque lecteur, tant mieux. Mais pour ma part je ne suis qu'en dialogue ; d'abord avec mon Dieu, ensuite avec moi même, et finalement avec qui est partant pour partager un petit bout de chemin comme nous venons de le faire ensemble.

    RépondreSupprimer